Nous voilà dans la petite cité de Banyoles. Avec ses 18000 habitants, c'est l'incontestable capitale de la comarca du Pla de l'Estany. Ville moyenne plutôt agréable, à un jet de pierres de Girona, elle recelle un patrimoine intéressant. Cependant, elle est surtout inéluctablement associée au lac éponyme, qui le borde sur la majorité de son territoire.
Ce lac naturel, un des plus grands de la péninsule ibérique, est d'origine karstique. Créé à la suite d'effondrements tectoniques, il est alimenté de façon souterraine par les rivières de la Garrotxa voisine. Avec sa couleur profonde et ses petits pontons très début de siècle, ses saules et ses canards, l'endroit attire touristes, sportifs et autochtones en ballade. En outre, c'est un espace d'une grande valeur écologique, paysagistique et géologique. De ce fait, la municipalité y favorise certaines activités ne perturbant pas son fragile équilibre.
Pour l'anecdote, il a accueilli les épreuves d'aviron durant les Jeux Olympiques de Barcelona en 1992 et plus récemment les championnats du monde de la même discipline en 2004. Cette discipline y est pratiquée tout au long de l'année, c'est un des spots les plus importants de ce côté ci des Pyrénées.
Même si la petite ville de Banyoles n'a pas le charme de son impressionnante voisine Girona, on peut cependant y passer un agréable moment entre le lac et le vieux centre, que nous détaillerons dans un prochain article.
N'oublions pas néanmoins, cet effoyable accident qui mis la petite cité catalane sur le devant de la scène un matin d'octobre 1998. 141 retraités français en goguette, qui font une excursion sur ce joli lac vert. Surcharge, le bateau prend l'eau, l'embarcation sombre doucement mais sûrement, scènes d'horreur et un bilan effroyable de 21 morts et de nombreux blessés physiques et psychologiques. Une tragédie qui aurait pu être évité.
De passage au bord du lac, je ne peux m'empêcher de penser à cette terrible journée, à l'inconscience et à l'avidité des propriétaires de ce bâteau qui ont voulu coûte que coûte embarquer un nombre de personnes beaucoup plus important que le nombre limité.
Aujourd'hui, la ville a tourné la page, et c'est bien normal, elle promeut surtout son cadre de vie et son image sportive. Elle insiste plus sur sa situation aux pieds des volcans, son lac photogénique et sa qualité de vie incontestable.
Le lac.
On retient surtout cette végétation typiquement lacustre, roseaux et colonies de nénuphars, ses délicieuses pelouses pour se poser ou pique-niquer, son réputé club de natation sur le Passeig, qui jouxte le grand parc.
Ce lac influence considérablement la vie du banyoli. Que ce soit pour les activités ludiques, la pêche, l'aviron ou tout simplement la balade à l'ombre des grands arbres ou la baignade les soirs d'été, le lac est intimement lié aux locaux.
Mais en ce qui me concerne, ce qui me ravit dans cet environnement, ce sont les traditionnelles "pesqueres", ces délicieuses petites maisons sur l'eau, qui donne une petite touche romantique et désuète à l'endroit. On en dénombre une vingtaine au total, exclusivement sur la partie est du lac. Si certaines sont parfaitement rénovées, d'autres sont dans leur jus, ce qui leur confère un charme inéluctable. J'ai une attirance pour le vermoulu, le défraichi, le décrépi, le trop propret aurait tendance à m'angoisser... Allo Docteur !!
D'ailleurs, je me pose la question, pourquoi, la municipalité, puisqu'elle en est le propriétaire, ne pratique pas à certaines périodes des locations de ces petites cases ? Ce doit être magique d'y séjourner quelque temps, notamment au crépuscule, quand le lac prend des teintes somptueuses.
La pesquera Santa Rosa, au sud du lac
Quelques vues de la Pesquera Marimon, voisine, proche du stade municipal.
D'autres vues de la Santa Rosa.
Nous avons fréquemment arpenté, cette délicieuse promenade ombragée au bord du lac. Très agréable, avec sa piste cyclable, ses aménagements pour les enfants, on s'arrête au bord de l'eau face à ces petites barques blanches et bleues, emblématiques du lieu. Les teintes de l'eau varient imperceptiblement. J'y ai vu toutes les teintes de bleu et de vert, même si l'anthracite des jours de grisaille est pour moi le plus envoutant. S'y ajoutent ces petites pesqueres qui lui confèrent une touche romantique qui n'est pas pour me déplaire.
L'office du tourisme en occupe d'ailleurs une petite, celle qu'on appelle la numéro 10. C'est d'ici que l'on peut faire des sorties en bateau, ou pratiquer d'autres activités comme le canoé entre autres. La plongée est aussi possible sur le site.
Plus au nord, bordant toujours le lac, se trouve le Parc de la Draga, vaste espace aménagé pour les loisirs et la détente. Y a été édifié le Parc néolitic, qui reconstitue avec fidélité les premiers habitats autochtones de la zone.
Dans le secteur, d'autres pesqueres parmi les plus emblématiques, l'Agusti et sa porte bleue, la rouge Guardiola, et surtout la très caractéristique Carpa d'or, l'une des plus connue de la ville. Aux influences mauresques évidentes, avec tour crénelée, elle se situe en outre dans un site intéressant: sur une petite pointe, le regard embrase alors une grande partie de l'étendue lacustre. Reposant et terriblement photogénique.
La Carpa d'Or et la rive nord du lac