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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 09:57

 

Narcis Monturiol i Estarriol, 1819 Figueres, 1885 Barcelona

 

 

  

 

narcismonturiol.jpg

Dali, sa fougue, son génie et sa surmédiatisation ont fait, et font de l'ombre à d'autres personnages importants de la ville. Parmi eux, le plus original et un des plus passionnants à mon goût, est Narcis Monturiol, autre fils de Figueres, dont on peut voir un monument hommage de style noucentiste, au bas des Ramblas.

Ici, l'homme est connu et reconnu, c'est une importante figure locale, un des principaux lycées de la ville porte son nom, un prix scientifique réputé en fait de même, un timbre a même été à son effigie... Pourtant, en dehors de chez lui, l'homme est bien peu connu, et c'est une injustice qu'il faut réparer au plus vite...

Né en 1819, fils d'un artisan tonnelier, le jeune Narcis, obtient sa licence en droit de l'Université de Barcelona en 1845. Il s'intéresse très vite à la chose politique, fréquente les milieux intellectuels progressistes et se rapproche par là même des idées socialistes et utopiques de l'époque. Il adhère aux théories d'Etienne Cabet, exposées notamment dans la société utopiste Icaria et sa description de la ville idéale. Il se lie d'amitié avec des personnalités républicaines tels Anselm Clavé ou Abdo Terrades. Parallèlement, il apprend le métier d'imprimeur et fonde sa petite entreprise qui édite le Fraternal, première revue d'obédience communiste en Espagne. Il y publie en outre des articles où sont déjà présentes les idées féministes ou pacifistes.

Avec les révolutions de 1848, et les convulsions de l'Espagne d'alors, le Fraternal est fermé et de par ses engagements et ses convictions, Monturiol est poussé à l'exil en France, à Perpignan, puis à Agen dans un second temps.

De retour sur ses terres quelques années plus tard, il s'installe à Cadaquès, met entre parenthèses ses activités politiques, et s'adonne à la peinture. C'est dans ce petit port cher à Dali, qu' il observe avec beaucoup d'intérêt le travail des jeunes ramasseurs de corail, et la difficulté de cette activité. De ce séjour, lui vient sa passion pour les fonds marins et l'exploration sous marine en particulier. Témoin de la mort d'un jeune pêcheur, il fonde alors la première société commmerciale espagnole dédiée à l'étude des fonds marins. L'objectif premier est de rendre la récolte du corail moins dangereuse. Il travaille sur l'Ictinéo I, petit sous-marin entièrement réalisé en bois, de 7 mètres de long, 2.5 m de diamètre, à la coque en forme de poisson qui apporte des solutions intéressantes quant au problème de l'oxygène. En 1859, il est mis à l'eau dans le port de Barcelona. Des milliers de badauds, la presse nationale, la marine et les plus grandes personnalités de la ville assistent aux essais. Ceux ci sont plutôt concluents mais les aides promises n'arriveront jamais. Monturiol ne se démonte pas et travaille déjà sur le projet suivant, l'Ictinéo II.

Avec ses 14 mètres de long, ses 46 tonnes, principalement en bois d'olivier il apporte surtout de nombreuses améliorations par rapport au précédent modèle, notamment par rapport à la propulsion.

Mais les soutiens se raréfient, l'homme se retrouve seul et dès 1867, sa compagnie met la clé sous la porte.

Les répliques de ces deux premiers sous marins sont visibles au Musée de la Marine à Barcelona.

 

Ictineo_II.jpg

 

 

 

Il s'en revient à la politique et accède à la députation en 1873. Il meurt 12 ans plus tard, ruiné et oublié de tous. Tout au long de sa vie, l'homme a cherché, inventé et croyait que la science et le progrès pouvait être partagé par tous. Il expérimente des semelles, crée une machine à fabriquer les cigarettes ou un projet de tramway funiculaire à Tarragona...

Pour les catalans, il est bien plus que l'inventeur du premier sous marin à propulsion. Il est aussi et surtout l'homme complet, ingénieur, artiste, scientifique, homme politique. Toutes les choses qu'il a accomplies, toutes les recherches qu'il a entreprises n'avaient pour seul moteur, la justice, la liberté et le bien être des hommes, notamment par le biais de la science.

 

 

 

 

 

 

 

 

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